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TRAITEMENT
Après avoir traversé la ville en courant à toute allure, Jehan Leroy arrive à bout de souffle au port de Saint Malo et rejoint in extremis Le Florissant, le solide et robuste trois-mâts de la compagnie des Indes Orientales. Ce lourd navire de commerce de 600 tonneaux et long de 36 mètres, s’apprête à prendre la mer, avec à son bord non seulement son équipage mais aussi le bétail embarqué pour le ravitaillement : poules, bœufs, cochons et moutons.
Coutumier du fait d’être chaque fois en retard, Jehan se fait charrier par le reste de l’équipage car ce pauvre bougre n’est pas fils de gens de mer. Jehan ne se démonte pas et leur rétorque que ce deuxième voyage comme mousse lui assurera le statut d’homme de mer ! Tous s’esclaffent en raillant son allure et son frêle gabarit de fillette. Le Bosco, qui a pris le jeune orphelin sous sa protection lui exprime à sa manière son affection : « — Tu tiens vraiment à choper le scorbut avec nous, moussaillon ! ». Jehan rétorque en souriant : « — Je préfère le risque de la maladie en mer à la certitude de mourir de faim sur terre, le jeu en vaut la chandelle ! ».
Du haut de ses 14 ans Jehan est fier de faire partie de cette nouvelle expédition, et même si lui seront assignées des besognes peu valorisantes, sa principale fonction étant de de récurer le pont ou de servir de domestique, il participera tout de même aux manœuvres. L’apprentissage pour devenir Matelot dont il bénéficie dans ses voyages au long cours est unique et il recevra une solde de 9 livres. Le vent du large fouettera son visage, l’odeur des embruns remplira ses poumons, la liberté envahira tout son être.
à suivre...
© 2021 PHILIPPE DUCHENE
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